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Voiles sur Casa...

16 mai 2014

Je suis venu te dire "mo content toi"

Maurice, je n’étais jamais venue battre ma claquette sur ton étendue sauvage et par conséquent, je pensais que ta langue n’était pas la mienne, je pensais que ta caste excluait les jeunes filles en fle comme moi, je pensais que tu étais monochrome ou tout au mieux destiné à colorer de quelques basiques couleurs primaires les clichés. Je te pensais uniforme, sans relief, tout juste bon à accueillir les vagues alanguies sur tes côtes blanches ensablées.

Maurice, désormais, je sors les violons. Je t’ai parcouru, caressé, touché, dorloté, étreint, sillonné 9 jours durant et tu as empreint à jamais ma peau de ton ardent soleil, mes yeux de tes arc-en-cieux. Plus jamais ton doux prénom ne résonnera comme avant dans ma zoreille créole.

En marchant, roulant, ronronnant et naviguant chez toi, j’ai découvert le Maurice à qui le relief de rêve n’a pas fait prendre le melon (euh la coco). J’ai découvert un Maurice généreux, drôle, affable, honnête, simple. J’ai découvert non pas un Maurice mais des Maurice, des religions, des ethnies, vivant en harmonie. J’ai vu une église côtoyant un temple hindou ; j’ai vu un Hindou travaillant chez des Chinois ; j’ai entendu des Franco-Mauriciens ourler leurs phrases d’un accent créole. J’ai appris ton Histoire et de par cela tes richesses. Portugais, Français, Anglais ont tenté de modeler ton image à leurs idéaux, mais Maurice aujourd’hui tu laisses flotter fièrement ton drapeau sur ta terre un jour promise et désormais acquise.

Je retiendrai tes routes laissant apparaître par surprise un singe sauvage au détour d’un virage. Je me rappellerai les chasseurs de tangues* aux orées de tes forêts, la nuit tombée, me laissant croire à des braconniers en quête de cerfs javanais ou de cochons sauvages, bâton en main. Je retiendrai ce matin à contempler le dauphin souffleur venant se reposer dans la baie de Tamarin, ce matin à me faire bousculer par une armée de poissons-sergents et autres capitaines sous les ondulations de l’Indien, Ôcéan que tu affectionnes, tel un dodo son œuf (feu le dodo) ; je retiendrai ce matin où le ciel dévida toutes ses émotions contenues sur notre humble embarcation (Petit Bateau), nous laissant inondés sur la belle-île aux Bénitiers ; je retiendrai ne pas y avoir vu de bénitier mais un petit îlot épousant les courbes dudit coquillage.

Je reviens avec, sous ma peau, mon Palais, les goûts et parfums de ton thé de Bois Chéri, ton café de Chamarel, ta cannelle originelle, tes vieux clous de girofle, tes grains de moutarde pour pleurnichard(e)s, ton poivre noir ton sel blanc pour assaisonnement chantant, ton gingembre aux rêves de chambre, ton cher safran  et ta cardamome pour les gastronomes. Je reviens avec l’envie d’arranger mon rhum blanc et ce qu’il me reste de mes jeunes années. Je reviens avec l’envie de repartir contempler tes gens, attendant le bus sous l’un de tes abris paré d’élégantes dentelles.

Chez toi Maurice, on prend conscience de la vie qui passe, et on prend soin de bien la faire défiler, aux yeux de la Lune, espionne de nos vies.

*tangue = hérisson malgache

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18 mars 2014

Sexy 30 ans

tcp-ip-fete-30-ans

Nous sommes un mardi du mois de mars, le printemps me fait signe par la fenêtre (vite, je mets ma BB-cream SPF 100 !). Un jour qui résonne en moi autrement en cette année 2014…

8h30, je m’entends encore pleurer trente ans auparavant, tentant mon entrée fracassante dans la vie par les jupons de ma mère. Effarouchée, étonnée, apeurée par la tâche qui m’attendait : tracer un destin pas trop minable aux yeux des miens, me faire une place pas trop dedans, pas trop en-dehors, me faire entendre mais pas trop fort, me faire voir mais de loin, me faire lire, on peut bien rêver… Un petit Poisson venait de naître, il entrevoyait la voie en eaux pas trop troubles et pas trop claires qu’il lui faudrait traverser pour parvenir à la divine félicité. Alors ce faisant (euh ce poisson), pendant trente ans, je pris soin de connaître l’autre en allant le rencontrer de plus en plus loin… des jupons de ma mère aux portes du désert, de chez Mémé aux trottoirs manillais. Je pris soin de ne pas choquer, de ne pas blesser, de ne pas voler… Je m’en sortis plus ou moins bien. Je pris soin de baliser le périlleux chemin vers mon Petit Musée de l’Intérieur et parvins, quelque part, à partir de tremblements de terre, à me sentir vibrer moi-même. Je pris soin de faire de longues études, de me perdre un peu pour ne pas faire trop simple, parce que je l’aime pas trop simple, le chemin. Je pris soin de trouver ma voie pour ce jour, enfin d’y croire tout au moins, parce que la voie du jour recèle de jolis mots, de partages, de bonheurs quotidiens, d’amour, d’amitié, de sérénité… de divine félicité.

Mais aujourd’hui, voilà, j’y ai droit, c’est la fête du nombril ! Je pense piges, balais, berges… Question d’addition ! Je me questionne sur le fond tout en m’inquiétant de mes formes : l’enfant qui jusque-là menait une vie parallèle en moi serait-il en passe de céder sa place à la Femme ? Faudra-t-il m’appeler madame ? (ben oui, des ignorants le font déjà !) En tant que fidèle lectrice du magazine Elle depuis 15 ans (même lui ne me rajeunit pas), je sais à quoi elle ressemble plus ou moins, la Femme, ce qu’on attend d’elle, ce qu’on espère vivement pour elle, les combats qui lui sont associés… Mais à partir de demain, serai-je capable de l’incarner ?

J’en ferais bien une chanson pendant que j’y suis ! REFRAIN !

J’ai 30 ans et des pâquerettes, une petite fille en moi tantôt timide, tantôt guillerette ! J’ai 30 ans et toutes mes dents ! Dois-je faire le compte de mes amants ? Dire que je les aime à mes parents ? J’ai 30 ans, la vie devant. Le moment de faire le bilan ?

Bilan : rides d’expression naissantes, poussée de peaux d’oranges inquiétante, masse musculaire peu concluante, croquage de la vie en développement permanent (alimentation pro-gluten, anti-no-carnivore, full-lactose, tout-cru-tout-cuit-tout-nu-tout-bronzé, alcool-no free, love addict, etc)

Sans conclusion : j’ai trente ans tout ronds et c’est avec eux que je m’en vais continuer le voyage, petit poisson pas trop femme pas trop sage, pas trop dedans pas trop en marge, pas trop gommage pas trop massage, pas trop sur terre pas trop nuages, bien dans mon âge, comme ne le dit pas trop un vieil adage… 

23 février 2014

Un matin 'infra ordinaire'

Vous ai-je déjà parlé de la médina de Casablanca, cet hurluberlu dédale de rues cerclé de remparts au cœur de la ville blanche beige écrue ?

Le curieux m’y verrait y fureter quelques matins de quelques jours, de toutes les semaines de tous les mois. En bas de chez moi, sur le boulevard des gens zélés, il me verrait tous ces matins héler le taxi rouge pour lui demander : « Jamaa Ould el Hamra ? ». Le curieux marocain esquisserait un sourire à l’écoute de mon accent peu tonique. Au contraire le curieux étranger se laisserait impressionner par les sons épatants émanant de ma gorge, ma langue et mon palais, à jamais solidairement soudés pour cette épreuve matinale. Le chauffeur tendrait une oreille de reconquête et me ferait répéter d’un air canaille ma requête. Ou m’ouvrirait directement sa porte, ça serait chouette ! 

normal_taxi-casa

Je prendrais chaque jour un chemin différent, selon l’humeur du conducteur, entendrais un jour le coran sur les ondes spirituelles du pays, le lendemain rugir Katy Perry dans la carcasse de la Pigeot 205. Je penserais souvent à ce qui m’attend, parfois à ce que je vois… J’en verrais des choses, sur ce trajet quotidien. Des immeubles inachevés, des chaussées trouées, des charrettes, des mobylettes, des hommes des femmes qui s’impatientent de gagner leur travail, des hommes des femmes qui ne s’impatientent jamais, des hommes des femmes qui n’ont pas de quoi s’impatienter mais aimeraient peut-être bien, des hommes attablés devant leur café au lait aux terrasses des cafés, des femmes déjà en train d’élaborer leur liste d’achats au marché, des hommes des femmes à l’habit chic et bien taillé, des hommes des femmes dont l’habit révèle l’amère vie, des chats qui dorment, indifférents comme des chats d’Abidjan. Et j’en passe. Des autos qui nous dépassent, des réactions qui me dépassent.

Le curieux me verrait descendre devant la mosquée du fils du rouge ci-dessus citée, pénétrer dans la médina par la grande entrée et me diriger tantôt à droite, tantôt à gauche, toujours avec mes pieds. J’y croiserais un vendeur de cacahuètes et de cigarettes, un homme attendant que le jour passe, quelques femmes enrobées comme des roudoudous sur le perron de l’école. Ils me toiseraient d’un œil inquisiteur aux faux-airs de sédentaire voyageur : « Madame Soleil que nos gamins y l’appellent. »

Je frapperais fort la tôle ondulée fracassée de la porte d’une école pour en faire sortir le gardien comme le furet de son terrier… Il me saluerait, je le saluerais, on se dirait « ça va, labès, meziene, bekhir, hamdullah » à l’unisson, dans une totale harmonie qui frôlerait la drôlerie. J’avancerais dans une cour d’école primaire publique de l’Ancienne Médina de Casablanca… (à suivre, mes pas) 

 

20 février 2014

Je reviens de ce pays nommé Lyautey

Je reviens de France sans même en avoir franchi la distance. Un espace de lycéens où on ne sait plus bien si t’es français ou marocain. T’es fils de ministre ou d’avoir perdu ta mère tellement sinistre. Tu viens du 93, ou du boulevard d'Anfa*, quand tu parles tu fais « yo » avec tes doigts. Tu prends des accents de racaille, de bourge, de bobo, d’élitiste,  des positions de blasé, de mal-aimé, de peu choyé, de torturé. Dans la cour retentit une sonnerie composée par un érudit. Des profs échangent sur des mots de minuit. Tu traverses la cour d’un pas nonchalant, tu penses à ton frère pour avoir l’air plus grand. Tu ne comptes plus les idées qui t’habitent, le rythme qui t’anime. Depuis peu les mots tu les dresses sur des lignes, comme un dompteur de signes. La vie t’a molesté, de mots tu vas te lester dans une salle de Lyautey. T’aurais jamais pensé un jour écrire pour dire, chercher le verbe pour hurler ta verve, faire rimer le slam avec âme, came ou blâme, parler de ta mère à une classe entière, lui dire au revoir et bon anniversaire. Dans la cour tu es grand. Devant le tableau, debout tu te fais tout petit derrière ton texte géant.

De la France, les mêmes errances, espoirs de chance, gestes d’insolence, actes d’imprudence ! Lycée Lyautey, Casablanca, une heure entre tes murs et j’en oublie que j’habite à deux bottes de sept lieues, chez ce pays Maroc qu’on évoque chez toi tel un pays voisin ou le bled du cousin. Boulevard Ziraoui, frontière entre misère et chimères… 

Quartier aisé casablancais

3 octobre 2013

Slam aleykoum

J’envahirais les âmes grises,

Je mettrais le ciel au rez-de-chaussée,

Je me coulerais dans la Tamise,

Je me foutrais dans tes pensées.

 

Je te teindrais les cheveux,

Un peu comme à l’amie d’Adèle.

Je te fermerais les yeux

Et te couperais les ailes.

(Pauvre infidèle !)

 

Je me coucherais sur une pierre

Ou un rocher, à Tafraoute.

Je m’étalerais comme la mer

Un dimanche soir en août.

 

Sur toi, je me ferais Roi !

J’élèverais ta température…

J’t’en ferais voir, de l’émoi !

Enfin, au fur et à mesure…

 

Je me délaverais au sel

Et serait toute en nuances…

J’adoucirais ton fiel

Et te ferais penser aux vacances.

 

Si j’étais bleue…

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7 novembre 2012

Paris vs Casablanca

Quelques jours de Toussaint à Paris et mon encre coule… Paris, Casablanca, 2 faces.

oeil pleureur

D’un côté une ville qui se repose sur des siècles d’Histoire, de l’autre, une ville qui dort sur ses déboires.

D’un côté une ville qui se veut lumière, de l’autre, une ville qui n’éclaire pas encore bien toutes ses rues.

D’un côté on pisse souvent dans les violons, de l’autre on préfère égorger les moutons.

D’un côté, une ville où l’on se serre pour bruncher dans un resto en vue, de l’autre, une ville où l’on se serre les coudes face aux bévues.

D’un côté, des gens beaux, des gens guidés par leur quête d’individualité, des gens qui se tutoient par fausse camaraderie. De l’autre, des gens beaux, des gens guidés par leur quête de « vérité », des gens tutoyant par ignorance.

D’un côté, des millions de personnes qui se croisent, se toisent, s’évitent, se bousculent, s’excusent, s’indiffèrent, là où les mètres carrés semblent plus étroits qu’ailleurs (et plus chers). De l’autre, trois fois moins de personnes se croisent, se saluent ou s’insultent, s’animent ou s’endorment, klaxonnent ou (/et) téléphonent.

D’un côté, des gens centrés sur eux-mêmes et ouverts sur le monde, de l’autre, des gens centrés sur le ciel et ouverts sur eux-mêmes.

D’un côté, une ville de consommation outrancière, de l’autre, une ville qui se hâte de le devenir.

D’un côté, la solitude des dimanches soirs, on appelle Sushi Shop, de l’autre, la famille en foultitude, l’intime en flop.

D’un côté, encore quelques crottes de chiens qui collent aux semelles, de l’autre, des chiens traités comme Gargamel.

D’un côté, la culture, la musique, l’art au premier plan. De l’autre, la même chose, en arrière-plan.

D’un côté, le choix, de l’autre, pas.

D’un côté, la liberté pré faite, de l’autre, un dieu, un prophète.

D’un côté, des gens qui ne font qu’un avec leur vélib’, de l’autre des gens qui ne font qu’un avec leur mob’.

D’un côté, la mèche sur le front et la moustache sous le nez, de l’autre le voile sur le front et la barbe sur le menton.

D’un côté l’amour à Paris plage, de l’autre l’amour en cage.

Et partout, partout la même musique, on danse, on avance, on aspire à quelque chose de grand, d’invisible, on en rit, on en prie. Et des deux côtés, c’est comme chez moi, comme ailleurs, je regarde le film et je n’en perds pas une miette. C’est toujours aussi bon.

13 août 2012

Du rez-de-chaussée au Paradis

prière

On voit grand dans leurs âmes où Dieu caresse leurs espoirs au-delà des minarets. Ils cherchent, furètent, fouinent, farfouillent, en quête de vérité. Walla vaut tout l'or du monde au pays du phosphate. Ils pourchassent le mensonge à coups de déni pour avoir la voie libre sur l'autoroute du paradis. Attention embouteillages. Ils comptent les points qui les rapprochent du Créateur en cette période de jeûne car le mois de ramadan ouvre grand les portes du paradis et ferme celles de l'enfer. C'est la braderie de la foi. Et on négocie avec Dieu, voire, on quantifie l'abstrait: convertir un collègue de travail rapporterait 10 points, tandis que pour celui qui convertirait le Pape (bingo !) remporterait 1500 points, soit le tapis rouge pour l'eden.

Quand le vendredi soir, les tapis font la croisette sur le boulevard Ziraoui de Casablanca, la spiritualité gagne les esprits agenouillés vers La Mecque entre vrombissements de scooters et voix d'imam. Chacun entre en communication privée avec le Seigneur. La profondeur d'esprit et son étroitesse semblent alors réunies harmonieusement...

Du deuxième étage, je les vois partager leurs tapis, promener leurs mains du ciel au sol, prononcer de façon inaudible des versets d'espoir dans l'abandon, l'abnégation et l'assujettissement à ce qu'ils pensent un jour pour eux et toujours au-dessus d'eux. Ils sont par dizaines alignés sous nos fenêtres et la Lune et ils se prosternent, des sonates durant. Puis, la spiritualité envolée là-haut, ils chevauchent leurs mobylettes, la foi dans le vent.

L'heure suivante, ils me sembleront avoir tout oublié de leur quête de vérité quand alors ils contrediront dans leurs actions insensées tout principe au préalable encensé. Hélas oui, ils retrouveront pour certains quelques vices et réflexes difficiles à abandonner plus de quinze heures (ça leur coûtera des points pour le Paradis, tant pis pour eux !).

Je les regarde de ma fenêtre et je ne peux m'empêcher de chantonner « où sont les femmes... ? » car Elles existent. Réponse inconnue à venir.

 

 

10 août 2012

Monologues de la ville

ramadan

Nous sommes vendredi 10 août, il est 16h15, je chante un air de vacances sur une avenue de Casablanca. L'esprit libre et affranchi de tout dessein linguistique, je suis à la limite de siffloter. Mais difficile de se prendre pour un promeneur solitaire vaquant à ses rêveries sur une avenue de Casablanca, à cette heure-ci, un jour comme ça.

Nous sommes vendredi, il fait 30 degrés et les marcheurs, conducteurs, chauffeurs, cyclistes, motocyclistes qui m'entourent n'ont pas le cœur à siffloter avec moi.

Peut-être pensent-ils aux heures qui les séparent du moment où ils rempliront leurs estomacs vides, désaltéreront leurs bouches sèches et enfumeront leurs cerveaux et nerfs à vif. 3H15 les en séparent à ce moment-là et ils pourraient jusqu'à s'en prendre à l'horloge parlante.

Alors au lieu de cela, ils s'acharnent sur leur klaxon et les conducteurs des voitures de devant, de derrière, de leur gauche et de leur droite. Ils s'égosillent contre la malheureuse piétonne à la limite de siffloter qui ose traverser l'avenue sur un passage dû à cet effet. Ils comptent leurs pas. Ils trouvent aberrants ces feux tricolores qui jouent avec leur patience. Ils comptent les heures et leurs battements de coeur.. 

Ramadan est le mois de la patience, de la modestie et de la spiritualité (dixit Dieu) mais seule la modestie semble émaner dans ces moments-là, chez les conducteurs de mulets surtout.

Ils sont nombreux à s'en prendre au temps sur cette avenue de Casablanca. La ville s'impatiente sans doute de retrouver sa spiritualité perdue dans un amas d'âmes courroucées.

Je continue de marcher, vers mes douces vacances, pensant qu'invraisemblablement, il s'en passe des choses à Casablanca, et, on dirait, toujours plus qu'ailleurs. Les gens sembleraient avoir plus de choses à se dire, à se reprocher, à se moquer, à se quereller... Pas toujours facile de comprendre. Mais il semblerait que tout vaille la peine d'être considéré et discuté. Surtout en voiture.

Je tourne dans une rue calme et je sifflote pour qu'au moins un oiseau du bled m'entende. Une alouette, une bergeronnette ou un bruant fou , qu'importe ! Je m'entends, je parle aux oiseaux pendant qu'ils avancent courageusement (vainement?) sous la dictée de « Dieu ».

Bonne fin de Ramadan à tous ! 

2 juin 2012

Le ballet des sacs plastiques

sacC'est magnifique, un vol de sacs plastiques !

Roses !

Verts !

Bleus !

Jaunes !

Un art chromatique !

Un arc-en-ciel de sacs magiques !

A quoi bon un monde écologique

Quand on peut avoir une danse de sacs plastiques !

 

22 mai 2012

Pas comme Guy Foissy

assisMoi aussi, un jour, j'en ai eu assez de passer

Je me suis assise et j'ai regardé.

Il s'en passe des choses aussi, à Casablanca....

 

Les gens parlaient

Les gens criaient

Les gens riaient

Les gens gesticulaient

Les gens s'impatientaient

Les gens faisaient des impolitesses

Les gens s'aimaient mais,

Les gens l'oubliaient.

 

Les voitures chantaient

Les voitures ronflaient

Les voitures grognaient

 

Les ânes se lassaient...

 

Je me suis assise dans la rue

Où de bancs il n'y a pas

Et j'ai regardé.

 

Les hommes prenaient le thé

Les hommes fumaient

Les hommes attendaient

Les hommes pensaient

Les hommes pestaient

Les hommes marchaient.

 

Les femmes ne prenaient pas le thé

Les femmes ne fumaient pas le calumet

Les femmes point n'attendaient

Mais les femmes pensaient

Les voiles passaient

Les femmes pestaient

Les femmes marchaient.

 

Et puis je suis allée dans un parc

Sur le banc seul

Je me suis assise

Et j'ai regardé.

 

On m'a regardée.

J'ai baissé les yeux.

 

Les chiens pissaient

Les gens jetaient les petits papiers

Les chats erraient

Les gens mendiaient

Et les arbres peinaient à respirer.

 

Je suis allée à la plage

J'ai posé mes yeux sur le rivage

J'ai fermé les yeux

Et j'ai pensé.

 

Les voiliers flottaient

Les mouettes riaient

Les enfants dansaient

Le sable sifflait

Le gris devenait bleu

Et nous étions deux.

 

J'ai rouvert les yeux.

 

Les gens jouaient

Les gens mangeaient

Les gens parlaient

Les gens braillaient

Les gens vivaient...

 

Je n'ai pas voulu me lever

Et leur dire « Moi aussi j'existe ! »

Ils m'avaient vue.

Et nos regards tout au long

Se sont croisés et perdus.

 

Mais j'ai vu qu'il s'en passe des choses à Casablanca...

Parfois trop.

Parfois trop fortes

Parfois trop bêtes

Souvent très belles.  

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