Sous le voile... la Femme

Elle arrive à deux heures, elle a le double des clés. Elle ne sonne pas mais on l’entend de loin. Non pas parce que c’est une danseuse orientale qui viendrait tinter du grelot a domicile. Non, celle-ci a une particularité dans la voix qui ne fait ni son métier, ni son charme. Vous vous souvenez de Madame Sarfati ? Et bien ce n’était pas une caricature. Elle existe vraiment. Je l’ai pour preuve à la maison deux fois par semaine… (A cet instant, vous vous dites que je pourrais faire les poussières moi-même, moi aussi je me le suis dit, mais c’est comme ca au Maroc… Fatalité quand tu nous tiens ! Hamdullah !) Donc elle arrive, et de sa voix perçante, stridente (pour vous la décrire, prenez un homme qui a bien mué et faites-lui imiter Madame Sarfati, ca peut donner une idée), me salue : « Bonjour, tu vas bien ? Oui ca va bien.» Ici, tout le monde tutoie tout le monde. Vêtue de ses fanfreluches de salon (rideaux sur le corps, couverture sur la tête ou bien est-ce le contraire ?), Madame Sarfati peut enfin mettre a l’aise (l’air ?) sa féminité et me fait part des mystères de ‘sous la djellaba’… Et bien sous les pavés la plage et sous la djellaba, le pantalon et le tee-shirt ! Et…sous le voile les cheveux. Etonnant, non ? aurait dit Desproges.

Apres cette reprise de souffle, Mme Sarfati peut enfin reprendre la parole. Car Mme Sarfati ne se tait pas beaucoup. Elle commente, elle suggère, elle demande, elle pinaille des « chouias » de plus…. Mais le silence, elle ne connait pas. Croyez-moi, ce qui est un détail pour vous est pour moi un moteur de motivation, et pas des moindres, à dénicher un emploi rapidement.

Cinq minutes en sa compagnie me font penser a ce tendre duo mélodieux « Je t’aime moi non plus », version vinyle rayé, dans lequel moi, Jane, je répondrais « hum oui oui » d’un air absent.

Mais ma femme de ménage a aussi la particularité qu’ont les femmes marocaines de s’imposer en tant que… Femme. Mme Sarfati n’a pas d’enfants ni de mari mais elle a un frère dont la femme est partie et s’occupe ainsi de ses trois enfants. Elle a un cœur.

Les femmes, ici, bien qu’on les remarque toujours moins que l’autre sexe dans les rues, tiennent une place que l’on sent de plus en plus prépondérante. Que ce soit dans le fracas de leurs voix fortes, au volant de leurs voitures, dans le port du voile de moins en moins revendiqué, dans leur cigarette a la main dans les cafés, sur une paupière (trop) fardée...

De par leur caractère, que l’on sent impulsif, leur volonté que l’on sent de fer, on n’imagine pas ces femmes un jour soumises. Et pourtant…

Mais le Royaume a l’air de prendre en considération ses ‘gazelles’, bien conscient qu’en elles réside une forme de pouvoir en devenir. La RAM (Royal Air Maroc) utilise par exemple des femmes sur ses affiches publicitaires afin de promouvoir leur efficacité et fiabilité…

Bien sur, Casablanca reste au poste d’avant-garde du pays, mais inch’allah un jour il y aura une Reine du Maroc.

Comments

[mamamia]

Serait-elle pire que "Patuche" ???